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Tâche 4 : Influence de la Méditation sur les Biomarqueurs de Stress et Inflammatoires

La perméabilisation de la barrière hémato-encéphalique chez les souris stressées de manière chronique participe à l’extravasation de médiateurs inflammatoires vers le tissu cérébral, ce qui contribuerait à l’apparition d’un comportement de type dépressif. L’exposition à un stress chronique est aussi associée à une réponse hormonale, inflammatoire, et immunitaire chez l’humain, avec une altération de ces systèmes chez les sujets atteints de pathologies liées au stress comme le Trouble du Stress Post-Traumatique (TSPT) ou le deuil compliqué.

La méditation réduit les effets du stress rapporté par les sujets ou mesuré à travers la production d’hormones du stress, et est associée à des changements dans l’activité cérébrale, parmi lesquels une augmentation de la transmission excitatrice dans le cortex cingulaire antérieur, une région contrôlant l’activité du noyau accumbens. La stimulation cérébrale par optogénétique (introduction d'un gène codant une protéine photosensible, i.e., activable par une lumière spécifique) chez la souris pourrait être utilisée pour reproduire l’activité θ dans le cortex cingulaire antérieur, offrant un paradigme modélisant la méditation chez la souris, qui a ainsi permis de réduire les comportements anxieux chez les souris.

La tâche 4 du WP2 est un programme de recherche translationnelle étudiant les effets de la méditation sur les biomarqueurs centraux (neuroimagerie), et périphériques (hormones, inflammation) reposant sur une collaboration étroite entre recherche fondamentale (études animales), et recherche clinique (études cliniques sur les agglomérations caennaise, rouennaise et amiénoise). L’objectif est d’étudier les effets de la méditation sur les biomarqueurs en parallèle et de manière complémentaire chez l’animal et l’humain, dans deux types de stress chroniques récemment reconnus dans la classification internationale des maladies de l’OMS (CIM-11)

I. Méditation et stress professionnel

Le syndrome d’épuisement professionnel ou burnout associe fatigue profonde, désinvestissement de l'activité professionnelle, et sentiment d'échec et d'incompétence au travail. Le burnout est considéré comme le résultat d'un stress professionnel chronique, comme durant la crise du COVID-19. Ce trouble lié au stress, peut aussi favoriser l’émergence d’une dépression. Ce projet s’appuyant sur des travaux antérieurs des équipes impliquées, propose de développer un programme de gestion de stress chez les étudiants en santé, et un programme de méditation sous la forme d’un podcast pour les salariés, notamment les soignants exposés au stress professionnel chronique (e.g., lors des vagues successives de COVID-19), et ce en s’appuyant sur l’expérience acquise au Massachusetts General Hospital (MGH) par le professeur Bui. Le recrutement se fera à travers les centres universitaires et cliniques de la FHU, et sera facilité par la CPAM (partenaire associé de la FHU) et le savoir-faire du LCPN dans la constitution de cohorte d’étudiants.

Un programme de gestion du stress pour les étudiants en santé a été développé et mis en place chez 3 groupes de 5 à 12 étudiants. Ce programme a été déployé dans le cursus des études de médecine (24 étudiants par an) dans le cadre d’un module optionnel validant depuis 2022-2023. L'objectif est à terme de doubler le nombre annuel d'étudiants en médecine impliqués ainsi que d'inclure les étudiants en orthophonie, maïeutique et pharmacie et par l'ajout d'un programme de méditation par podcast pour les soignants exposés au stress professionnel chronique (une proposition a été adressée au département du Calvados à leur demande pour des travailleurs sociaux).

II. Méditation et stress lié au deuil (projet CALM-NIPS)

La mort d’un proche déclenche une réaction de stress impliquant une réponse immunitaire, neuroendocrine, et physiologique, associée à un risque de pathologies mentales. La méditation, avérée efficace pour diminuer la réactivité au stress en population générale et chez les sujets anxieux, pourrait être efficace sur la réponse de stress spécifique du deuil. Les mécanismes physiologiques et neurobiologiques spécifiques qui sous-tendent la réactivité au stress spécifique du deuil, et les biomarqueurs pouvant identifier les individus qui répondront de manière privilégiée à la méditation de pleine conscience, sont mal connus. Le but de l'étude est d'étudier les biomarqueurs pouvant identifier ceux répondant le mieux à la méditation, de personnaliser les soins des endeuillés, et confirmer que la méditation peut réduire la réactivité au stress liée au deuil. Pour cela, 3 questions doivent être étudiées :

  1. La méditation de pleine conscience peut-elle améliorer les symptômes psychiatriques (et somatiques) chez les personnes endeuillées ?
  2. Quels circuits neuronaux spécifiques du cerveau sous-tendent la réactivité au stress liée au deuil et sont modifiés par l'entraînement à la pleine conscience ?
  3. La diminution de la réactivité au stress est-elle le mécanisme de traitement de la méditation de pleine conscience ?

Les participants endeuillés participent à un essai contrôle randomisé de méditation. Les critères de jugement sont les symptômes, les biomarqueurs cérébraux (IRM fonctionnelle ; en appui avec l’UMS 3408) et périphériques (biocapteur, plasma collecté dans le projet COMBIOM). L'efficacité de la méditation de pleine conscience est évaluée sur 8 semaines sur des critères cliniques et les biomarqueurs.

Le projet CALM-NIPS a bénéficié d'un RIN émergent obtenu en 2021. Un projet d'analyse de la neurobiologie du Trouble de Deuil Prolongé à partir des données de CALM-NiPS (projet NeuroImaGrief) a également débuté en 2022 avec l'embauche d'un doctorant fincancé sur un RIN (50%). Quatres publications ont été soumises ou sont en cours de soumission.

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