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Tâche 3 : Interventions pharmacologiques et non-pharmacologiques

Cette tâche comprend 3 axes.

I. La remédiation cognitive

La remédiation cognitive est une prise en charge non pharmacologique proposée aux patients présentant des troubles neuropsychologiques. Son application aux patients ayant un trouble de l’usage d’alcool (TUAL) est encore très limitée contrairement à celle observée dans la schizophrénie. Pourtant, une manière novatrice de favoriser le maintien du contrat thérapeutique serait d’améliorer leur fonctionnement cognitif via l’utilisation de procédures de remédiation cognitive.

L’objectif de ce projet de recherche est de mesurer l’efficacité de la remédiation cognitive sur le fonctionnement cognitif et le risque de rechute des patients TUAL. Ce protocole est testé chez des patients TUAL comparativement à une prise en charge usuelle en soins de suite et de réadaptation (Projet Alcostim) et chez des patients TUAL particulièrement vulnérables, accueillis en Communautés Thérapeutiques (NeuroAddiCT).

Les résultats de ces deux protocoles de recherche complémentaires pourraient permettre à l’avenir de personnaliser la prise en soins proposée aux patients TUAL présentant des troubles neuropsychologiques, en intégrant la remédiation cognitive comme une approche thérapeutique de premier plan, venant ainsi renforcer le centre régional de ressources en réhabilitation créé en 2020 par l’ARS et implanté à Caen et Rouen.

Le projet Alcostim a été arrêté pour cause difficultés de recrutement. 

Le projet NeuroAddict a bénéficié de financements supplémentaires grâce à un PHRC Financé par le Fonds de Lutte Contre les Addictions (FLCA) IReSP et la région Normandie pour le financement d'une thèse. Il est toujours en cours : le bras contrôle de l'étude est achevé avec 120 personnes incluses et un accompagnement en Communautés Thérapeutiques, une mesure du taux de rechute et une insertion socio-professionnelle. Les inclusions dans le projet continuent.

II. La réalité virtuelle

Le développement des nouvelles technologies permet maintenant d’immerger les sujets dans des environnements virtuels contrôlés, donnant ainsi un nouveau cadre écologique pour étudier les facteurs individuels et environnementaux impliqués par exemple dans le craving et la rechute. Des casques de réalité virtuelle permettent d’immerger des patients TUAL et des jeunes binge drinkers (BD) dans des environnements comme des bars virtuels. Ce projet est décliné en deux volets :

  1. un projet mené à Amiens chez les jeunes BD qui a pour objectif de démontrer l’efficacité d’un programme de thérapie cognitivocomportementale (TCC) en réalité virtuelle sur le craving pour l’alcool
  2. le second projet est mené à Caen et a pour objectif de démontrer l’efficacité de cet outil pour la prise en charge des troubles cognitifs chez les patients TUAL

20 patients TUAL ont participé à une étude pilote sur l'intérêt de l'exposition à l'alcool par réalité virtuelle (Caen). Cette étude a permis la réalisation d'une thèse de médecine, d'un mémoire de recherche de Master 1 et l'écriture d'un article scientifique en cours de publication. Un nouveau projet, SMARTBINGE, a été financé à Amiens pour un "Essai clinique contrôlé et randomisé pour étudier l'efficacité d'une application smartphone à réduire le comportement de BD chez les étudiants".

III. Anti-inflammatoire-Minocycline

La minocycline est un anti-inflammatoire capable d’inhiber l’activation microgliale. Compte tenu des données montrant un priming inflammatoire dès 1,5 mois d’exposition chronique à l’alcool et potentiellement dès les premières expositions de type BD, l’effet de la minocycline dans deux modèles animaux d’alcoolisation a été test à Caen et à Amiens dans deux protocoles. À Amiens, il a été testé en aigu afin de prévenir les atteintes mnésiques et de plasticité synaptique hippocampique induites par une exposition de type binge drinking chez le rat. À Caen, il a été testé en chronique après 5 mois d’exposition chronique à l’alcool. L’objectif est d’étudier la capacité de cette molécule à :

  1. préserver les capacités cognitives affectées par la consommation chronique d’alcool
  2. diminuer la consommation volontaire d’alcool.

Ces travaux précliniques pourraient ouvrir la voie sur l’utilisation de molécules anti-inflammatoires chez des patients TUAL selon leur profil inflammatoire et ainsi personnaliser d’avantage les prises en charge. Deux thèses ont été menées sur ces sujets : l'une portant sur l'"Implication de l'épigénétique et de la neuroinflammation dans les atteintes cognitives induites par les premières intoxications éthyliques chez le rat adolescent" et l'autre sur le « Rôle de la neuroinflammation dans les atteintes de la plasticité synaptique glutamatergique induites par le BD dans l'hippocampe de rat ». Le première a été soutenue en 2022 et a débouché sur une publication, l'autre en toujours en cours. 4 nouveaux projets connexes ont début à Amiens :

  1. le projet PREFRONTNALC, "Implication du cortex prefrontal et des voies glutamatergique et dopaminergique dans le BD et le comportement addictif"
  2. le projet ADELY, "Efficacité du LSD dans le traitement de l'addiction à l'alcool"
  3. le projet ALPHA5, "Rôle de la sous-unité alpha5 nicotinique dans l'addiction à l'alcool"
  4. le projet RAPSICO, "Rôle du contexte dans l’efficacité de la psilocybine dans l’addiction à l’alcool"

Tous ces projets ont été possibles grâce à des financements supplémentaires acquis par les équipes concernées, dont un fincancement en 2023 dont le soutien à un chercheur de haut niveau du Conseil régional des Hauts-de-France pour ALPHA5.